Constitution de Carthage

Buste de marbre du philosophe Aristote
Buste du philosophe Aristote, source essentielle de connaissances et d'interrogations sur les institutions de la Carthage punique, copie romaine d'après un original de Lysippe, musée Altemps, Rome.

La constitution de Carthage est le régime politique de la cité à l'époque punique.

Le régime politique de Carthage a fait l'objet de vastes débats en raison de sa longue évocation par Aristote dans son ouvrage La Politique[1], parallèlement aux institutions de Sparte et de Crète[2]. Ce texte, unique exemple de l'époque à évoquer in extenso des institutions politiques non grecques, a suscité de nombreuses polémiques entre historiens, polémiques qui se sont atténuées de nos jours.

L'organisation politique de Carthage était louée par de nombreux auteurs antiques qui mettaient en avant sa « réputation d'excellence »[3]. Si peu de détails sont connus sur le gouvernement de la grande cité, on dispose néanmoins du précieux texte d'Aristote : ce dernier la dépeint comme un modèle de constitution « mixte », équilibrée et présentant les meilleures caractéristiques des divers types de régimes politiques, c'est-à-dire mêlant des éléments des systèmes monarchique (rois ou suffètes), aristocratique (Sénat) et démocratique (assemblée du peuple).

Les sources sont très limitées et la plupart du temps partiales, car parfois issues d'auteurs romains ou grecs ; de ce fait, elles ont rendu la conclusion du débat difficile. De plus, le contexte culturel[4] et la terminologie utilisée ne sont pas conformes au contexte politique oriental[5]. En outre, le texte d'Aristote semble décrire des institutions politiques statiques, ne tenant aucunement compte des évolutions liées aux conflits de l'histoire de Carthage, dont les guerres siciliennes, antérieures au texte ; on ne dispose pas non plus d'informations sur les changements liés à la période des guerres puniques et de la guerre des mercenaires entre autres. Le texte d'Aristote a donc alimenté un vif débat, certains historiens dont Stéphane Gsell le considérant comme une description tardive[6],[7]. Les chercheurs privilégient désormais une évolution des institutions au cours de l'histoire[8].

En dépit des insuffisances de l'information dont on dispose sur Carthage, les données sont beaucoup plus importantes que pour les autres cités puniques.

  1. Aristote, Politique, II, 11, 1-16.
  2. Amadasi Guzzo 2007, p. 82.
  3. Polybe, Histoires, VI, 43.
  4. Amadasi Guzzo 2007, p. 84.
  5. Fantar 1995, p. 50.
  6. Le texte est daté des années 335-323 (Fantar 1995, p. 50).
  7. Gsell 1972, p. 184.
  8. Sznycer 1989, p. 562-563.

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